Manger des insectes est-il haram en islam ?

Un regard sur l’Islam et le concept de halal

Au cœur de l’éthique alimentaire musulmane, le concept de halal occupe une place primordiale. Il s’imprègne des règles édictées dans le Coran et les Hadiths qui touchent à tout ce qui est permis ou interdit, pur ou impur, licite ou illicite. Un véritable art de vivre qui a, sans doute, suscité de nombreux débats culturels, religieux, voire nutritionnels que l’on se sent parfois perdus devant certaines questions apparemment insolites, mais pourtant légitimes. Par exemple, est-il permis de manger des insectes en Islam ? L’entomophagie, à savoir l’acte de consommer des insectes, est-elle « halal » ou « haram » ?

Insectes, un menu pas si exotique

L’entomophagie peut sembler, pour beaucoup, une pratique alimentaire provenant d’un autre monde. Pourtant, il s’avère que certains insectes, comme les sauterelles, les criquets et les locustes, faisaient jadis partie de l’alimentation traditionnelle dans plusieurs cultures, y compris parmi certains peuples musulmans. Mais, qu’en est-il de leur statut à la lumière des textes sacrés de l’Islam ?

Les insectes à travers le prisme du Halal

Alors, manger des insectes est-il halal ou haram en Islam ? La réponse n’est pas aussi évidente qu’elle le semble. Un des critères fondamentaux qui déterminent si un aliment est halal ou non est la façon dont l’animal est abattu. Il doit avoir été égorgé prudemement et son sang doit être complètement égorgé, ce qui est impossible avec les insectes. Et pourtant, l’interprétation n’est pas si simple.

En effet, plusieurs versets coraniques et hadiths font référence à l’entomophagie. Par exemple, dans la sourate les Bestiaux (Al-An’am) du Coran, Dieu dit avoir créé tous les animaux bons à manger pour les hommes. Certains exégètes de l’Islam, du fait de l’usage des sauterelles chez certains peuples arabes de l’antiquité, incluent donc ces insectes dans la catégorie des aliments « licites » (halal).

Une question d’interprétation

Certains érudits musulmans invoquent également particulièrement un Hadith de Abu Ya’la d’après Al-FadR Ibn `Abbasfer qui rapporte que le prophète Muhammad a déclaré les deux types de décès morts licites : les poissons et les sauterelles. Evidemment, il n’en demeure pas moins que cette permissivité reste perçue comme une exception spécifique et non comme une ouverture pour la consommation de tous les insectes.

Cependant, d’autres courants de pensées soutiennent l’idée que la consommation des insectes est généralement haram, car il est difficile de les égorger conformément aux exigences de l’Islam. Il est aussi évoqué que l’exception des sauterelles ne compterait pas pour les autres types d’insectes, considérés par certains comme impurs.

Un débat qui s’avance avec son temps

La problématique de l’entomophagie soulève aussi des questions contemporaines, surtout avec l’émergence du mouvement en faveur de l’entomophagie pour des raisons environnementales et de durabilité. Certains érudits islamiques modernes commencent à considérer l’incorporation de certains insectes dans l’alimentation en reconnaissant leur valeur nutritive et leur faible impact environnemental.

Alors, halal ou haram ? Comme beaucoup de domaines délicats en religion, le débat semble loin d’être tranché et reste sujet à interprétation. Au cœur de la controverse, il importe de rappeler que le but ultime de chaque musulman est de se conformer à la volonté divine, d’où l’importance de respecter les principes alimentaires prescrits dans l’Islam, qu’ils concernent l’agneau, le poisson ou même les insectes.

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