Le 11 aout 1473, le Sultan Mehmet Fatih remporte la bataille d’Otlukbeli, non loin d’Erzincan, face aux Akkoyunlular menés par Uzun Hasan.
Cette bataille décisive eut notamment pour enjeu le contrôle de l’Est de l’Anatolie, territoire contrôlé alors par une autre dynastie turque gouvernant également l’Irak et la Perse, les Akkoyunlular, littéralement “les Moutons Blancs”, mais pas seulement.
Il faut comprendre que, contrairement à une idée reçue malheureusement fort tenace, les Ottomans après leur conquête d’Al- Cunstantiniye en 1453 n’étaient pas à l’abri et ne trouvaient pas de répit. L’entrée des Musulmans dans la capitale de l’empire Romain (byzantin est un terme tardif apparu au XVIIe siècle) ayant eu l’effet d’une déflagration dans le monde chrétien, l’Occident avait repris le chemin de la Croisade et les princes chrétiens en quête de gloire se liguaient. L’appel du pape Pie II résonna d’autant plus que la présence des Conmènes à Trébizonde (Trabzon) revendiquant le titre d’Empereur insufflait l’espoir d’une reconquête, et que les autres États Turcs de la région étaient hostiles à la volonté d’hégémonisme des descendants d’Osman.

Tandis que le projet de grande croisade avorte en Occident, Mehmet le Conquérant poursuit son projet d’unification de l’Anatolie. Il est décidé à en finir avec les ennemis héréditaires des Ottomans, les Karamanides, qui n’ont eut de cesse de le trahir et d’affronter ses ancêtres. En 1466 il se remet en selle, et si son père l’illustre Murat II était parvenu avec ses janissaires à leur prendre Kayseri, Mehmet va plus loin en prenant leur capitale Konya, les contraignant ainsi à s’enfuir vers l’Est.
L’afflux de troupes karamanides est interprété par Uzun Hasan comme l’occasion d’unir ses forces pour affaiblir les Ottomans. Mais il faut dire ici que l’inimitié qui règne entre les deux dynasties est ancienne, venant d’un temps où les Moutons Blancs s’étaient alliés au destructeur Tamerlan, lequel avait fait prisonnier le sultan Bayezid, arrière grand-père de Mehmet. L’occasion de régler cette vieille rancune se présente en 1472, quand Uzun Hasan s’élance vers les territoires Ottomans.
Mehmet Fatih intervient en personne l’année suivant et c’est Otlukbeli que les deux forces armées s’affrontent. Son armée est moins bien nombreuse que celle de son ennemi qui compte de nombreux karamanides, mais elle est mieux équipée. Voulant impressionner ses ennemis, Mehmet tient à ce que la poudre parle et des mortiers sont utilisés. Encadrée par le bey de Roumélie Murat Pacha, elle est également plus disciplinée, et compte plusieurs unités de spahis. La cavalerie d’archers turkmène n’y pourra rien. Vaincues, les troupes d’Uzun se replient. Mehmet a gagné. Encore.
De cette bataille dont les historiens sont d’avis qu’elle est l’une des plus spectaculaires du XVe siècle, Mehmet affirme son rôle de conquérant. Quelques années plus tard, il mettra définitivement un terme aux Karamanides, tandis que les Moutons Blancs entament une lente récession. Refusant de voir les Ottomans les conquérir, ce sont d’autres Turcs, chiites quant à eux qui les supplantent, les terribles Séfévides. Désormais, l’Occident comprend qu’il n’a plus d’allié pour empêcher la maison d’Osman d’aller à la hauteur de ses ambitions.
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